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Transphotographiques / Lille / Hauts-de-France
 

Frédéric Lecloux : Brumes à venir

Frédéric Lecloux : Brumes à venir

 

À la recherche de la Belgique

Belge expatrié en France depuis 2001, il est temps pour moi d’examiner la question de savoir ce que cela veut dire. C’est une question double : une histoire d’identité d’abord : quel est ce pays que j’ai quitté ? existe-t-il encore ? – et une histoire d’exil ensuite : pourquoi l’ai-je quitté ? Qu’y ai-je laissé ? Voilà pour le fond. Quant à la forme, il s’agit surtout d’une histoire de distance, de lenteur et de poésie.

Je n’aurais pu entreprendre ce travail sans la conviction que cette notion de belgitude a existé, a un jour signifié quelque chose. Si Jacques Brel peut prétendre en 1971 que des gens « jouent à ne pas être belges », être belge devait donc avoir un sens, même s’étiolant déjà… La recherche de ce sens, en fuyant le cliché résumant la belgitude à la bière, aux baraques à frites et à une idée de la jouissance plus aiguë qu’ailleurs, a constitué le fil premier que j’ai voulu suivre.

Je suis donc parti. Ce travail a commencé en novembre 2008. Je me suis mis à sillonner le pays, tentant de cerner les contours de cette géographie humaine et physique, interrogeant ses frontières, le hasard pour guide bien souvent, de ville en village, de Courtrai à Stavelot, d’Arlon à Knokke-le-Zoute, des paysages industriels du bassin carolorégien à l’enclave surréaliste en terre hollandaise de Baarle-Hertog, de la brillance de la Flandre contemporaine à la rigueur bourgeoise de la périphérie bruxelloise, de la Thiérache déjà un peu française aux grottes de Han-sur-Lesse, de la mer du Nord à Liège…

Je me suis efforcé de travailler ce matériau Belgique au moyen d’une écriture photographique que je structure patiemment depuis plusieurs années. Mon langage, la transparence pour intention fondamentale, vise à laisser à la poésie le temps de transmettre au réel une forme qui transcende son état transitoire de sujet d’actualité potentiel – sans le figer pour autant dans un simulacre exotique indécent.

J’ai longtemps cru n’avoir pas fui la Belgique, être parti vers du neuf en fermant la porte derrière moi. Pauvre certitude, qui n’a pas résisté à l’initiation de ce travail. De sorte que ma question sagement documentaire s’augmenta d’une dimension autobiographique : est-ce bien un pays que j’ai quitté, et qu’y ai-je laissé ? Dès lors seulement je pus assumer ma subjectivité, et ma photographie peut prendre ses distances d’avec le mythe de représentation de la réalité pour devenir un acte intime d’interprétation servant un mobile thérapeutique de délestage.

Cette série s’inscrit ainsi dans la continuité de mon questionnement sur la perte – en l’occurrence de mon pays – et sur ce besoin pour faire le deuil du passé de le mettre en images.

Dans mon esprit, ces deux questions, intime et identitaire, sont forcément liées. Ce travail ne peut être exclusivement documentaire car je ne suis ni journaliste ni historien, mais il serait vain de croire que ma perception de la Belgique – et en réalité une bonne partie de ce que je suis –, se soit construite indépendamment de la réalité politique, climatique, morale, historique… du pays.

Frédéric Lecloux

 

En savoir plus

 

Exposition du 26 mai au 26 juin 2011

 


Galerie du centre, Bruxelles, 2009 © Frédéric Lecloux – Agence vu

 


Cimetière de Laeken, Bruxelles, 2010 © Frédéric Lecloux – Agence vu

 


Frédéric Lecloux © D.R.

 


Lieu : Tri Postal
Avenue Willy Brandt, Lille

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