Max Lerouge : Sur la mélancolie…
Article de Jérôme Legendre publié dans ddo en septembre 1999.
Parcours Primé une première fois à la Galerie d’essais à Arles en 1996, Max Lerouge réitère en 1999 avec un travail tout en introspection où la nature faussement immobile tient lieu d’exutoire pour l’âme. Petite histoire d’une quête intérieure pour le moins mélancolique ou comment la photographie peut libérer de ses angoisses.
La vie n’est pas qu’une question d’existence
Un ponton qui se perd, des chemins qui s’égarent, des personnages qui semblent comme enfermés dans la nature… Les images de Max Lerouge, récemment primées à la Galerie d’essai à Arles, évoquent toutes à leur manière ce délicat équilibre qu’est la vie sous toutes ses formes. Et si la série de tryptiques présentée s’intitule Mélancolie, c’est plutôt d’une sourde angoisse dont il est ici question. Angoisse devant la fragilité de l’existence que l’homme s’ingénie à ignorer, victime sans doute de sa condition qui l’enchaîne et qui le pousse à toutes les extrémités. Angoisse encore face à une nature constamment malmenée qui pourtant continue de trouver d’inextricables ressources pour se régénérer. Sartre n’aurait certainement rien trouvé à redire à tout cela même si ici le débat semble plus panthéiste. Car si d’aucuns, en d’autres temps, ont en effet glosé avec talent sur la liberté politique que l’homme se devait de conquérir sous peine de disparaître, Max Lerouge essaie avec ses images, de montrer que l’homme ne pourra assumer pleinement sa liberté qu’en acceptant sa condition: celle d’un être vivant faisant partie d’un tout qui certainement le dépasse. En attendant, les personnages qui traversent ces séries de photos sont fuyants ou ombrés, captés à travers un miroir ou perdus au milieu des éléments. Vivants mais inertes, ils montrent à merveille la vanité d’une existence qui oublie ses fondements. On comprend dès lors mieux pourquoi à leur côté voisinnent ces paysages immobiles, ces arbres morts qui, paradoxalement, cherchent à signifier la permanence de la vie qui, quoi qu’ on en dise, n’est pas qu’ ne question d’existence. Vaste débat qu’il serait illusoire de vouloir trancher ici, même si comme le dit l’auteur » la contemplation de la nature est une bonne façon d’aborder le sujet. »
Jérôme Legendre
Exposition du 3 au 17 mai 2001
Lieu : Hôtel de Ville de Lille
Place Augustin Laurent – Lille