Nord Éclair : Des femmes devant l’objectif
Forte des 10.000 visiteurs de la première édition, l’équipe des Transphotographiques remet ça. Sabine Weiss est la marraine du festival consacré cette année, et jusqu’au 30 juin, aux femmes photographes. Rencontre avec Olivier Spillebout, président des Transphotographiques.
Nord Eclair : Sarah Moon, Sabinc Weiss, Jane Evelyn Atwood… Pour cette deuxième édition, vous avez déjà plusieurs tètes d’affiche et une cinquantaine d’expositions dans toute la région. Les Transphotographiques viennent manifestement combler un manque. Quelle est la genèse du projet ?
Olivier Spillebout : « L’idée est née en 2000 dans un petit cercle de passionnés. Dans une région sans grand festival estival, nous avons pensé créer un événement pour tous les nombreux amateurs de photos. Pour la première édition, l’an dernier, nous avons cu 10.000 visiteurs, avec 300 visiteurs par heure pour l’expo de Willy Ronis, notre parrain. C’est la preuve d’un intérêt grandissant ».
NE : Pourquoi ce regain d’intérêt pour la photographie ?
O.S. : « Avec internet et la photographie numérique, la photo redevient dynamique ; elle est en train de combler le retard pris sur la peinture, qui bénéficie toujours, à ce jour, des plus beaux lieux d’exposition, du plus grand nombre d’événements. A ce titre, nous sommes très heureux, grâce à l’adjointe lilloise à la culture, Catherine Cullen, de présenter l’exposition, inédite en France, de Sarah Moon, au Palais des Beaux-Arts de Lille. A terme, nous espérons de plus en plus investir des lieux de qualité comme celui la ».
NE : Pourquoi avoir fait des femmes photographes les vedettes de cette deuxième édition des Transphotographiques ?
O.S. : « L’an dernier, nous avions choisi de ne définir aucun théine pour la première édition. Mais 95% des artistes présentés étaient des hommes. Alors cette année, nous avons choisi les femmes comme trait d’union entre les différentes expositions ».
NE : Les portraits et autoportraits semblent assez bien représentés. Y-a-t-il des thématiques récurrentes chez ces femmes photographes ?
O.S. : « En effet, elles préfèrent souvent photographier les êtres humains plutôt que les paysages, et notamment les autres femmes ».
NE : Quelles sont les grandes nouveautés de l’édition 2002 ?
O.S.. « D’abord, son extension à la région et à la Belgique, suite aux critiques des conseils régional et général nous reprochant l’an dernier de nous cantonner à Lille. La Polonaise Joanna Helander expose notamment à Courtrai, dans la chapelle de l’abbaye Groeninge qui est un lieu magnifique. Autre nouveauté, un salon du livre photographique dont nous espérons qu’il soit une référence dans quelques années. 11 y a en France beaucoup d’éditeurs de photos, il n’y a pas l’obstacle de la langue pour ce genre d’ouvrages. Pourtant, aucun salon spécialisé n’existe. Nous avons aussi programmé beaucoup plus de débats cette année. L’exposition sur les femmes opérées du cancer du sein suscitera sans doute des réactions ; un débat est prévu avec la Ligue contre le cancer. La Ligue des Droits de l’Homme et l’association Negar de soutien aux femmes afghanes participeront aussi à d’autres débats.
NE : Avez-vous invité des photographes de la région ?
O.S. : «Nous avons sollicité Aimée Thirion pour son travail à la prison de Loos, Daisy Guyomar pour ses photos des chapelles et cimetières du Nord, Anne Darchi ou encore Margo H., une collégienne de douze ans Elle figure non pas dans le off, mais dans le programme officiel, aux côtés d’artistes de renom. C’est notre volonté de mêler les plus connus et les autres ».
NE : Les Transphotographiques constitueront l’événement photographique de Lille 2004. Comment prépare-vous l’échéance ?
O.S. : « Nous sommes en période de professionnalisation du festival, pour accroitre sa notoriété et son importance. A ce jour, nous sommes une toute petite équipe, financée surtout par la ville, plus la communauté urbaine, la région, le département et la DRAC. Nous voulons embaucher des emplois-jeunes, mais aussi un directeur artistique renommé, des commissaires d’exposition qui amèneront une plus-value culturelle. Or à ce jour, notre budget est trente fois moindre que celui du festival d’Arles, il est vrai trentenaire ».
Propos recueillis par Elodie De Vreyer