Voix du Nord : Chemin de Femmes
Vénézuélienne installée à Paris, Anabell Guerrero a passé deux années avec les Indiens Goajiros. Ces descendants des Alawaks, aujourd’hui écartelés entre la Colombie et le Venezuela, sont confrontés à une modernité envahissante qui menace, à moyen terme, leur identité, leur survie.
C’est pour montrer la résistance de ce peuple que la photographe a choisi de présenter à Lille cette série de portraits de femmes, « parce qu’elles sont le pilier de la famille, la mémoire et la tradition ». Des photos qu’il ne faut pas craindre d’approcher au plus près pour scruter le détail des robes, « chaque gros plan étant une partie de la photo ».
Derrière un intitulé aride – « le chant du satori immédiat » le travail de Marina Gavazzi est l’expression artistique d’un parcours autant professionnel que spirituel. Cette Italienne qui partage son temps entre Rome et Saint-Paul de Vence est passée de la peinture à la photo qu’elle retravaille sur ordinateur. Le thème de son exposition n’est pas la seule déclinaison d’un symbole d’oppression – la burqa, l’enfermement, la lapidation -, mais « une recherche de sensibilité ». Dans la philosophie zen, le satori est le concept le plus simple qui permet d’accéder à la sérénité. Où l’on meurt pour renaître… »
D’avoir suivi son père médecin-légiste et travaillé sur des photos de la maîtresse de Mussolini, Clara Petacci, assassinée avec son amant, elle a pu observer que nombre de visages de cadavres morts en grande souffrance pouvaient dégager une curieuse impression de sérénité. Ce qui explique ces photos d’une femme lapidée au Pakistan…
Les vues d’Afrique que présente Deborah Metsch, quant à elles, ne sont pas du reportage ni même étapes d’un parcours. Plus simplement, « des instantanés, des rencontres » saisis au cours de l’un des innombrables périples que la jeune photographe fait la-bas avec sa mère qui vit à Dakar. Après avoir vécu dix ans au Sénégal, Deborah Metsch continue à partager son temps entre Ghana, Mali, et Burkina-Faso. Pour cette première exposition qu’elle présente en France et dont elle se dit « très heureuse et très fière », elle a choisi la forme du diptyque. Parce qu’elle aime bien raconter une histoire en deux images.
Trois regards de femmes photographes présentés à l’espace Matisse d’Euralille. À compléter avec Valéria Sangiorgi – « Nus de femmes » et Françoise Huguier – « Au-delà du miroir »
Jean-Marie DUHAMEL