Voix du Nord : Jane Evelyn Atwood, un regard sans concession
Dix ans de reportages sur les « Femmes en prison »
C’est sans aucun doute une épreuve qui attend les visiteurs de l’exposition que présente Janet Evelyn Atwood à l’Hospice Comtesse… Parce que la réalité crue dérange, indispose même lorsqu’elle est aussi directement révélée. À la manière d’Eugene W. Smith dont on sait qu’il a payé de sa personne son obstination à vouloir témoigner, la photographe new-yorkaise est allée au fond des choses, se gardant de tout cliché superficiel, poursuivant ses investigations jusqu’à comprendre la réalité du monde carcéral, sa cruauté et la manière dont il déshumanise ses pensionnaires.
Dix ans de travail ont été nécessaires pour achever ce reportage qui l’a conduite dans les prisons d’Europe occidentale, d’Europe de l’Est et des États-Unis. Un véritable engagement pour cette artiste dont le parcours a été favorisé par cette persévérance avec laquelle elle a traité son sujet. Parfois aussi, la chance est venue à son secours (mais on dit souvent que la chance ne réussit qu’aux photographes talentueux). C’est ainsi qu’elle a pu photographier l’accouchement d’une détenue dont les mains étaient entravées *de menottes. Ailleurs, elle montre une autre femme qu’on déshabille parce qu’elle a essayé de se suicider en mangeant ses vêtements. Et plus loin, on découvre ces couloirs de la mort où elle a rencontré deux femmes condamnées à la peine capitale…
Des images de cette force sont rares et précieuses. Un livre paru aux éditions Albin Michel permet d’ailleurs de découvrir l’intégralité de ce reportage dont les Transphotographiques ne donnent qu’une partie. Le texte, les commentaires, les témoignages écrits viennent compléter ce regard pénétrant sans concession et sans jugement moral.
Arrêt à Loos
Aimée Thirion, jeune photographe lilloise, a passé deux mois derrière les murs de la maison d’arrêt de Loos. Elle en a rapporté des images témoignant de cette perte d’identité que subissent les détenus « mis à l’écart de la société alors même qu’ils manquent déjà de repères.