Voix du Nord : Une femme chez les commandos
Marie Babey a suivi pendant des mois les unités secrètes de la marine.
Marie Babey a toujours aimé travailler sur ce qu’elle appelle « les communautés fermées » : il y a quelques années, elle a réalisé plusieurs reportages sur les pompiers de Paris, héros des missions impossibles. C’est lors d’un séjour de trois semaines sur le porte-avions Foch, dans le cadre de la préparation d’un livre, qu’elle a découvert le monde des commandos de la marine. Univers fermé, un peu mystérieux, secret, dont elle ne savait strictement rien. Elle a voulu en savoir plus sur ces hommes dont on ne parle jamais. Comme elle n’était pas vraiment une inconnue dans le milieu militaire, les autorisations ont été obtenues, les portes se sont ouvertes un peu à la fois.
Ce reportage, concrétisé par un ouvrage – Les Commandos marine -, a duré trois ans par petites périodes de quelques jours : après une semaine passée à l’école des commandos de Lorient, la photographe a suivi régulièrement les unités lors de grands exercices en Bretagne, à Djibouti et en Albanie quand les militaires français devaient sécuriser le port de Durrès. Ce sera la seule fois où Marie Babey pourra les suivre on situation d’opérations. « Jamais, ils n’acceptent quelqu’un d’extérieur » explique la photographe. « Trop délicat, trop secret, trop périlleux ».
Dans cet univers resté farouchement masculin, cette femme qui n’a rien de vraiment baroudeuse, a dû se faire accepter. « Ça s’est fait un peu à la fois. Il y a eu des moments d’intimidation réciproque, puis les barrières ont été levées. On est accepté quand on s’aperçoit qu’on ne nous remarque plus. On fait partie de l’équipe. Et puis, ils ne sont pas aussi machos qu’on pourrait le penser ».
Ce qui l’a le plus marqué ? « Leur rigueur. Ces hommes là sont toujours et? forme. Ils passent leurs journées à s’entraîner, on dirait qu’ils sont montés sur ressorts. Quand on voit de l’extérieur ce qu’on leur fait faire à l’école de Lorient on est horrifié. Pourtant, on se rend vite compte qu’ils savent jauger les gens et ne se trompent jamais. Aussi, les jeunes qui sont admis dans les unités, sont particulièrement fiers quand ils reçoivent leur béret vert. Beaucoup, d’ailleurs, se structurent humainement durant leur formation ». Le jour de la présentation du livre à Lorient, une unité au grand complet est venue remettre à Marie Babey un béret vert !
J.-M. D.