Sortir : Transphotographiques 2003
Déjà trois ans que le mois de mai voit Lille et la région célébrer la photographie. Lancées en 2001 par un groupe de passionnés très motivés pour faire vivre dans la région une « alternative aux évènements d’Arles et de Perpignan », les Transphotographiques se sont taillées une petite réputation que l’avenir devra confirmer.
S’il est un art qui a eu du mal à se faire (re)connaître parmi l’incontestable développement culturel de la métropole et de la région, c’est bien la photographie. Secondé par une équipe de joyeux bénévoles efficaces, Olivier Spillebout, président et créateur de l’évènement, s’est attaché depuis la naissance de l’événement à rendre à cet art bâtard sa place dans les salles d’expositions et les cœurs des curieux de la métropole. Pour cette édition 2003, le festival se resserre sur un mois entre Arras, Calais, Noeux-les-Mines, Valenciennes, les villes belges de Tournai et Courtrai ainsi que Lille qui reste le coeur de la manifestation. Après Willy Ronis, en 2001, Sabine Weiss en 2002, c’est au tour de Peter Lindbergh, célèbre photographe de mode de parrainer la manifestation qui retrouve sa liberté originelle « de ne se plier à aucun thème particulier afin de rester ouverte à tous les photo. graphes et à toutes les photographies » comme se plaît à le répéter Olivier Spillebout.
De près ou de loin
La diversité règne donc sur la programmation de ces Transphotographiques. Comme l’année dernière, styles et lieux se mélangent pour des confrontations parfois ordinaires (Peter Lindbergh est exposé au Palais des Beaux-Arts et l’Hospice Comtesse accueille les expositions consacrées au tchèque Pavel Banka et au travail passionnant de François Kollar autour des mineurs) parfois plus originales (la crypte de la cathédrale de la Treille s’ouvre pour montrer les œuvres de François-Marie Banier ou le Fonds Harry Lunn). Le jeu de piste se poursuit avec plusieurs expositions conçues en lien les unes par rapport aux autres, depuis le regard sur la Palestine entre l’IEP et l’Hôtel de Ville de Lille, jusqu’aux expositions autour de la photographie tchèque à Courtrai, Tournai et à l’Hospice Comtesse ou encore les regards sur l’Algérie à Calais et le Japon à Valenciennes. Pour prolonger le plaisir des aficionados, des projections consacrées aux artistes et au monde de la photographie auront lieu tout au long du festival. Nouveauté de cette année, une série de trois stages offre une relation concrète à l’univers de la photographie donnant ainsi un côté « vivant » à cet art souvent méprisé. Il suffit pourtant de flâner au milieu des œuvres présentées pour être touché ici par un regard, là par un paysage ou plus loin par une attitude, un geste ou un jeu de couleurs.
La photo, un art en mouvement
En une quarantaine d’expositions riches parce que variées, les Transphotographiques 2003 donnent ainsi un aperçu de l’univers de la photo contemporaine. Des images de femmes de Lindbergh aux photographies urbaines d’un Pib en passant par les étranges autoportraits de Vaclav Stratil, le regard de François-Marie Banier sur nos contemporains, la rétrospective d’Alain Noguès ou la représentation de Lille par Antoine Catarino (lauréat de la Bourse à la Création 2002), les yeux se perdent dans les dédales d’une même réalité abordée sous des angles différents. Une grande variété qui fait la richesse l’événement. Preuve incontestable du sérieux de l’équipe menée par Olivier Spillebout, le festival bénéficie cette année de l’appui de galeries privées et même de l’assistance, sur certaines expositions, de commissaires. Un pas vers une professionnalisation qui devrait contribuer à une plus grande reconnaissance de l’événement en attendant une édition 2004 chapeautée pour la première fois par un directeur artistique : Jean-Luc Monterosso, directeur de la Maison Européenne de la Photographie. À l’occasion de la grand-messe culturelle de 2004, le festival s’intéressera au thème de la transformation. En attendant. n’hésitez pas à aller vous confronter aux regards des photographes de l’édition 2003, c’est passionnant, instructif et… entièrement gratuit.
Guillaume B.