Voix du Nord : Graphèmes transforme
Nouvelle exposition avec les Transphotographiques
L’une des onze expositions officielles du quatrième festival des Transphotographiques est visible gratuitement depuis hier soir dans le magnifique grenier à sel du 17e occupé par l’agence de design graphique Graphèmes. Nous sommes rue Saint-Jacques, dans le Vieux-Lille. Il faut emprunter une petite ruelle pavée comme on n’en fait plus pour accéder à l’entrée d’un lieu qui – tout de suite – enflamma l’imagination d’Olivier Spillebout, directeur des « Transphotos » et surtout de Jean-Luc Monterosso, le premier commissaire général des expos du festival.
Pas sel qu’on croit
Le directeur de la maison européenne de la photo à Paris a dû se frotter les yeux en pénétrant dans ces caves où la Deûle affleurait pour le déchargement du sel Lillois. La restauration parfaite du bâtiment, les voûtes en rouge brique d’antan et la modernité de l’espace requalifié pour notre époque rendent à Graphèmes le stupéfiant cachet auquel il ne manque qu’un classement dans la liste des monuments historiques. Sans ce lieu, invariablement, pas d’exposition. Ni tout ce monde hier soir autour de Jean-Baptiste Vouters, fondateur d’une agence créée on 1986 à Villeneuve-d’Ascq et aux anges d’accueillir jusqu’au 15 juin le travail de plusieurs artistes. « Jean-Luc Monterosso a tout de suite compris que nos 600 m² sur trois niveaux pouvaient dans leurs coins et recoins d’ombres abriter des installations vidéos », explique-t-il.
Travaux d’hercule
Transvidéographies nous invite ainsi à côtoyer l’inspiration de Martial Cherrier, champion de France de body building à Lille on 1997 et ex-Monsieur Los Angeles reconverti dans la recherche artistique autour des volumes de son corps. Après tout, le voir en scène sur les emballages de ses produits anabolisants cultive le lien avec une certaine idée du packaging et du logo dans le design,.. Côtoyons encore la tragi-comedie du génial Pierrick Sorin, ici uniquement représenté par sa bouche et ses yeux sur fond de magma d’huile de moteur… Une bouillie informe qui rappelle ses angoisses intérieures et sa « crasse psychologique » impossibles à effacer. Apprécions enfin les travaux de Pierre Molinier sur ses jambes travesties ou de Catherine Ikam, toujours sur la transformation filmée du corps, ces artistes étant par ailleurs exposés à l’Hospice Comtesse. « L’art inspire souvent le design des produits, des services ou dos emballages », assure Jean-Baptiste Vouters. Graphèmes est bien à sa place dans cette exposition.
Yannick BOUCHER