Voix du Nord : Hommage aux victimes de Metaleurop
Cédric Dhalluin expose ses photographies à l’université de Lille II
Au départ cela devait être un photo-reportage sur l’intoxication au plomb de la population d’Evin-Malmaison (Pas-de-Calais). Armé de son appareil, le photographe Cédric Dhalluin (22 ans) fait du porte à porte pour recueillir les témoignages des personnes atteintes de saturnisme. « Ingrat comme démarche », dira-t-il.
Cette pollution, à qui la faute ? A l’usine Metaleurop juste à côté. Nous sommes en octobre 2002. Et Cédric est rattrapé par l’Histoire : en janvier 2003, l’annonce de la fermeture de Metaleurop tombe. Le reportage sur les victimes de la pollution de l’usine se transforme en sujet sur les victimes du monstre métallique lui-même : ses malades, ses licenciés. Cédric Dhalluin y travaille jusqu’en novembre 2003.
Une vingtaine de clichés sont aujourd’hui exposés à Lille 2 dans le cadre des Transphotographiques. Mardi avait lieu le vernissage de cette exposition particulière, « pb 2 + ». Une centaine de personnes y a assisté, dont Bernard Charles, délégué à l’emploi.
Le cliché choisi pour illustrer le carton d’invitation résume bien l’expo. Deux hommes. L’un de dos. L’autre se frotte les mains. Nous sommes dans les sanitaires de Metaleurop. Lumière crue, grand angle, image angoissante, malsaine. Originalité de l’exposition : les clichés sont imprimés sur de la toile, suspendus à l’extérieur de l’université, en l’air. Des images qui prennent à la gorge. Cédric Dhalluin ne caresse pas l’œil dans le sens du poil. Six anciens de Metaleurop ont fait le déplacement. Stanislas Knopik est de ceux-là « C’est super, ça fait chaud au cœur de voir ça. Ça fait mal en même temps. Je peux dire exactement où chaque photo a été prise ». Cédric Dhalluin conclut : « Ça me semblait naturel de témoigner sur les choses gui m’entourent. Je m’inscris dans une démarche de photo journalisme ».
Tout est dit.
S.R.