Voix du Nord : Karine Delmas plonge dans l’intime
Transphotographiques : exposition à la Galerie duFaubourg
Ils lavent leur linge sale devant l’objectif de la photographe. Les modèles qui ont posé pour les photos d’Immersions, l’exposition de Karine Delmas, dans le cadre du festival Transphotographiques 2005, met en scène des hommes et des femmes qui dévoilent la vision de leur intimité, « comme s’ils écrivaient eux-mêmes leur légende », souligne Karine Delmas. « En tant que photographe, je fais poser les gens, explique-t-elle. Je voulais réaliser un travail avec des modèles qui soient actifs ». Chacun dans sa baignoire s’entoure de ses souvenirs, de ses angoisses ou de ses bonheurs. « La baignoire est un lieu très symbolique lié à l’eau, à la naissance, à la purification… J’ai demandé aux modèles d’imaginer ce qu’elle représente pour eux et ce qu’ils ont envie de raconter. » Chaque scène, élaborée par les modèles et la photographe, retrace une histoire, projette des fantasmes ou des peurs. Les uns se parent de baroque ou d’innocence d’autres des résonances de conflits plus ou moins proches ou douloureux. Déroutantes de surréalisme – ce n’est pas pour rien que la photographe utilise un procédé où l’aléatoire a sa place — ou fascinantes d’expressivité, les photos dégagent un fort pouvoir d’attraction. Elles parlent une langue de l’intimité, entre soi et vers les autres, qui se communique et ne peut laisser indifférent.« Elles ont eu un grand impact sur les modèles. Ça les a libérés de certaines choses. Les gens qui voient ces images se réapproprient la situation et se refont l’histoire. Môme s’ils sont à côté de la plaque ».
Lauréate du concours Défi jeunes 2005, Karine Delmas a publié un catalogue où la plupart des photos sont commentées par les modèles. Une piste no, voile dans cette introspection « d’art thérapeutique ».
Pierric Maelstaf