Voix du Nord : La terre vue à hauteur d’homme
Depuis 20 ans, Thibaut Cuisset (né en 1958 à Maubeuge) consacre son travail photographique au paysage. Après le Maroc, étape fondatrice d’une œuvre descriptive et documentaire, il a arpenté l’Italie, l’Andalousie, l’Australie, le Japon, la Suisse, les bords de Loire… alternant les focalisations sur des territoires constitutifs de la nature et des espaces périurbains. « Je travaille à la chambre 6×9, toujours sur pied, pour prendre la distance et le temps nécessaires, obtenir une grande précision. Il s’agit de m’imprégner d’un territoire puis de le représenter en y associant une lumière et des couleurs, en éliminant tout effet, en visant l’épure », précise-t-il.
Pour cette exposition, il présente un projet en cours, entamé en 2000, qui explore des paysages vierges de toute intervention humaine et, e contrario, ceux qui en portent l’empreinte. Les premiers, proposés dans le cadre des Transphotographiques, concernent l’Islande et la Namibie. D’un côté, l’ensemble géologique le plus récent de la planète tourmenté par les volcans et les glaciers, de l’autre, le plus vieux désert du globe écrasé par le soleil (le Namib). Réalisé par Cuisset lui même, l’accrochage d’une quarantaine de tirages grand et moyen formats se scinde en deux : une première salle avec des panoramas chaotiques, la seconde avec des œuvres suggérant calme et sérénité. Dans des tonalités de lumière diffuse et de subtils camaïeux chromatiques, Cuisset compose de véritables tableaux photographiques, des concentrés de géographies, où il s’agit surtout pour lui de recevoir, sans trahir la profondeur et la puissance de ces étendues, plutôt que de se projeter et, finalement, dénaturer. C’est ce qui est vu et ressenti à hauteur d’homme, « ce que tout un chacun peut découvrir », déclare Cuisset, même si son œil est unique.
François Lecocq