Voix du Nord : Objectifs intimes et territoires à voir
La 5′ édition du festival Transphotographiques à Lille inaugurée hier soir au palais des Beaux-Arts
Il est l’homme qui voulait « raconter une géographie en présentant l’histoire », joli sujet de réflexion pour qui cherche à l’université ou passe le bac prochainement. Et se noyer dans les horizons épurés, parfois cassés, des paysages d’Islande et de Namibie photographiés par Thibaut Cuisset est une vraie source d’inspiration.
Hier soir, au palais des Beaux-Arts de Lille, le vernissage de l’exposition de cet artiste marquait le lancement officiel de la 5′ édition des Transphotographiques à Lille. Soixante lieux dans plusieurs villes de la région et à Courtrai (Belgique), des dizaines de photographes, des thèmes insolites, des partis pris intellectuels et artistiques, soit un vrai rendez-vous pré-estival reconnu et qui va durer un mois.
La question des territoires est le thème retenu cette année par la commissaire du festival, Anne de Mondenard, par ailleurs responsable du Fonds de photographies de la médiathèque de l’architecture du patrimoine, au ministère de la Culture. Évoquant, hier, les travaux de Thibaut Cuisset lors du vernissage auquel elle assistait aux côtés notamment de Martine Aubry, maire de Lille, d’Olivier Spillebout, directeur du festival, et Bertrand de Talhouët, nouveau président, Anne de Mondenard conseillait aux visiteurs de commencer leur parcours 2005 par ces territoires vierges, non modelés par l’homme. Au passage, c’est d’ailleurs la première partie du projet de Thibaut Cuisset ; l’attendent, pour d’autres photos, Berlin et Beyrouth, capitales chahutées et déconstruites de main d’homme.
La région vue par Depardon
Plus près de nous le Nord – Pas-de-Calais, vu par Raymond Depardon (initiative de la Région), sera visible en grands formats à l’Hospice Comtesse de Lille dès ce vendredi. Au total ce sont treize expositions dans le festival « in », une soixantaine dans le « off » (jeune création et création régionale), qui vont bien sûr au-delà du paysage. Car si on parle de territoires, on s’en remet aussi à chaque créateur, qui seul sait en son for intérieur quel est le bout de terre qu’il a choisi de labourer.
Il y a de l’intime donc, même dans un paysage lunaire, minéral, désertique. Où est mieux représenté l’artiste que dans son atelier (Paolo Roversi, toujours au palais des Beaux-Arts de Lille) ? Et la mémoire familiale dans tout ça (Hugues de Wurstemberger à Courtrai) ? L’histoire de l’humanité – il y a de quoi voir -s’imprime sur la géographie du monde. Elle se raconte très bien en photos, pour peu qu’on laisse aux artistes des formats, éventuellement des couleurs et bien sûr des points de vue.
Corinne Vanmerris