Nord Éclair : Les petits détails du paysage urbain par Claude Courtecuisse
Transphotographiques jusqu’au 25 juin, à la Halle aux sucres
Depuis une vingtaine d’années, Claude Courtecuisse traque et enregistre les fêlures du paysage urbain, tous ces petits détails du quotidien qui perturbent « l’ordre des choses » et interpellent celui qui prend le temps de les observer.
Artiste pluridisciplinaire, intervenant dans le domaine de l’architecture ou du design, Claude Courtecuisse s’intéresse depuis longtemps aux petits désordres du paysage urbain.
Sans prétendre à l’exhaustivité, il a enregistré depuis plus de vingt ans et au gré de ses voyages, les fêlures, mauvais raccords, inversions qui perturbent l’unité du mobilier urbain, des rues et des places pavées.
Le festival des Transphotographiques 2005 coïncidaient avec la publication de son ouvrage, Un léger déplacement dans l’ordre des choses (Éditions Quo Vadis) qu’il a tiré de sa traque urbaine et auquel a participé, pour les textes, François Barré, qui fut un temps directeur du Centre Pompidou.
Le thème du festival de cette année étant le paysage et le territoire, son travail s’inscrivait parfaitement dans la thématique. Installée dans la Galerie Le carré dans la Halle aux sucres, l’exposition regroupe une trentaine de photos en noir et blanc.
Un désordre poétique
« La première photo date de 1980, c’était à Londres dans une station de métro. Un déplacement d’ordre m’a posé question » raconte Claude Courtecuisse. Un des carrelages noirs sur lequel figurait l’une des lettres du nom de la station a été remplacé par un carrelage blanc.
Un détail, anodin a priori, mais qui entraîne « une rupture de l’ordre » et qui amène à se demander ce qui se cache derrière. Est-ce la une empreinte ? Un tag Une farce de l’ouvrier ? Un empêchement ?
Claude Courtecuisse a rencontré ces « déplacements dans l’ordre des choses », à Paris, Venise, ou Lille qui regorgent de ces détails mais qu’on ne voit pas forcément car ils font partie de notre quotidien.
Un pavé mal aligné suffit a créer une rupture, et toute rupture amène un questionnement. « Ce qui m’amuse, c’est ce que le hasard crée comme désordre. Un désordre poétique. Je m’intéresse aussi à la poésie qui est un déplacement de l’ordre des mots » explique Claude Courtecuisse.
Une grille d’égout mal replacée, les empreintes sautillantes d’un oiseau sur le ciment frais, des façades factices, les photographies de Claude Courtecuisse nous interrogent sur la portée de ces décalages urbains et sur notre manière d’observer notre environnement quotidien.
Claude Courtecuisse présentera par ailleurs photographies et installations sur le thème du déplacement à La Piscine de Roubaix, à partir du 16 juin,
Pauline Dassé