Stefano De Luigi : Pornoland
Le sujet, tel que le traite Stefano de Luigi, a quelques similitudes avec un travail qui a été remarqué récemment, “The Valley”, de l’Américain Larry Sultan. On trouve cette même intention de montrer sans montrer, de photographier les à-côtés, le hors-champ de tout ce qui constitue les scènes principales du film pornographique, mais aussi ce qui se passe avant et après. Les deux photographes jouent de ce décalage. Cela dit, la comparaison pourrait s’arrêter là, car le regard de Stefano de Luigi dans son voyage au pays des films pornographiques est différent, de même que le style photographique qu’il développe.
En quelques images, on sait de quoi il s’agit, de quoi il veut parler ; on comprend l’atmosphère dans laquelle se développe cette industrie particulière du cinéma, les cadences infernales, l’exploitation des acteurs, la violence physique et morale ; on perçoit même un certain désarroi. Ici, il n’y a guère de place pour le sentiment et à regarder l’ensemble des images de son livre, on a plutôt l’impression d’être en présence d’un esclavage moderne, même si certaines actrices se vantent de faire un métier en prenant du plaisir. L’excellente enquête du journaliste Martin Amis qui accompagne le travail du photographe va dans ce sens, dont ce court extrait : « Et puis ce fut le moment de jeter son mégot et de se remettre au boulot. Et j’ai bien dit boulot. Le porno est un art prolétaire. »
Stefano de Luigi a opéré avec aisance, dominant son sujet, restituant ses mouvements, harmonisant le rendu des couleurs. Le monde de la fabrication des images lui est familier, il a l’habitude des studios et des tournages, de l’audiovisuel, ayant déjà longuement travaillé sur le thème de la télévision.
Commissariat : Gabriel Bauret
En savoir plus
Exposition du 10 mai au 17 juin 2007
© Stefano De Luigi
© Stefano De Luigi
Stefano De Luigi
Le Tripostal
Avenue Willy Brandt – Lille