Voix du Nord : Le festival des Transphotographiques 2009 au cœur des visages de l’Europe de l’Est
Le Festival des Transphotographiques démarre ce soir, avec son inauguration, à 19h30 au palais Rameau. Jusqu’au 12 juillet, une dizaine de lieux lillois et le Colysée de Lambersart exposent le travail mené par des photographes du monde entier.
Le festival des Transphotographiques. lancé en 2001 par Olivier Spillebout. le directeur de la Maison de la photographie, poursuit sa route avec sa huitième édition. Après le cinéma en 2007, et la mode, l’an dernier, l’événement 2009 affiche les couleurs de Lille3000. « Nous avons choisi la thématique des pays de l’Est qui est chère à la Maison de la photo. détaille le maître d’œuvre du festival. Nous privilégions l’inédit et exposons les photographes qui ne l’ont jamais été en France. » Pendant une semaine se succédera une série de vernissages des expositions où les artistes photographes viendront expliquer leurs démarche et réflexion. Ils sont près d’une trentaine à être inclus dans la programmation de l’édition « Europe de l’Est » dont la préparation a débuté il y a trois ans. Le résultat : un panorama photos d’une Europe de l’Est déclinée sous des angles originaux. Morceaux choisis.
Transphotos décalés – Le Polonais Oiko Petersen expose au Colysée de Lambersart une série de portraits de personnes porteuses du syndrome de Down, associé à la tristesse et au chagrin. Au palais Rameau, il dévoile avec humour une galerie de caricatures de l’homme polonais.
Transphotos pub – Le collectif polonais Photo-Shop occupe une partie du Tri postal avec ses campagnes publicitaires.
Transphotos mode – La Tchèque Bara Prasilova présente des collections délicates de stylistes et créateurs (palais Rameau).
Instants de vie – Le Nordiste Grégory Laby s’est fondu dans la niasse de touristes et vacanciers de la ville croate de Cavtat (galerie Le Carré).
Transphotojournalisme – Le photo-reporter de guerre américain Stanley Greene expose ses photos du conflit de Nagorny-Karabakh, dans le sud du Caucase (palais Rameau).
» Nous privilégions l’inédit et exposons les photographes qui ne l’ont jamais été en France. » – Olivier Spillebout
Transphotos militants – Le thème de l’immigration et des déplacements de personnes prend une place particulière au sein du festival. Avec l’exposition « Romanès » de Dominique Secher, vainqueur du concours organisé par le magazine Photo, partenaire de l’événement (palais Rameau). Le Suisse Yves Leresche donne la parole en images aux Roms des Balkans à l’Eglise Saint-Maurice de Lille.
Réflexions sur l’Union – La construction de l’Union européenne fait débat avec le « Projet frontières » mené par cinq photographes qui posent la question des limites de l’Europe (palais Rameau). Le Letton Alnis Stakle apporte le regard des pays de l’ex-URSS sur une Union en construction dont ils ont longtemps été exclus (galerie Le Carré).
Des visages qui interpellent à la Maison de la photo
Premier vernissage des Transphotos, hier soir, à la Maison de la photographie. Avec la thématique émouvante et personnelle du portrait. L’Allemande Jessica Backhaus, le Brésilien d’origine polonaise Joao Urban, le Polonais Andrzej Dragan, la Polonaise Patrycja Orzechowska et le Nordiste Antoine Sude exposent, depuis hier, à la Maison de la photographie. Avec « Jesus and the Cherries », Jessica Backhaus est rentrée pudiquement et tendrement dans l’intimité des Polonais de la ville (le Nemo et ses alentours. « C’est ma toute première exposition en France. explique la photographe. J’ai apprécié le cadre de ce festival qui se décline dans de nombreux lieux. C’est ce qui m’a poussé à dire oui. » Joao Urban raconte une histoire que lui, fils d’immigré polonais. connaît bien. Celle des ouvriers agricoles, de ces travailleurs venus de Pologne qui affichent avec pudeur leur religiosité et leurs origines. Antoine Sude présente son reportage sur les Roms à Lille. Quant aux portraits d’Andrzej Dragan, ils dérangent parfois ou fascinent.
Si Olivier Spillebout. le fondateur et organisateur du festival, se montre satisfait de la programmation. il ne peut s’empêcher de penser que le festival 2009 est une « version rétrécie » de ce qu’il a pu présenter ces dernières années. « Avec Lille3000, on a perdu l’hospice Comtesse et le palais des Beaux-Arts. L’exposition au Tripostal est minimaliste. Normalement, dans le cadre d’un grand événement européen du genre, on aurait du voir encore plus grand ! », s’insurge-t-il. Et le directeur du festival de rappeler que les Transphotos donnent aux talents régionaux une visibilité européenne : « J’invite des commissaires et des personnalités qui font la photo en Europe. Le festival devait être mieux considéré dans le paysage local ! »
Marie Castro